Arrivé en 1994 à l’âge de 23 ans en tant que stagiaire, Pierre Celle fait partie des plus anciens salariés de la Coopérative. Technicien forestier passionné, il nous décrit son métier et nous livre sa vision de la mission d’une coopérative forestière.
Bonjour Pierre,
Pouvez-vous commencer par nous expliquer votre métier ?
Je suis technicien forestier agréé Gestionnaire Forestier Professionnel, et mon métier consiste à assurer la gestion sylvicole des propriétés forestières de nos adhérents. Mon secteur d’intervention s’étend sur une partie du département de la Haute-Loire et une partie de l’Ardèche. Au quotidien je m’occupe de l’exploitation des bois donc l’estimation, le marquage, la désignation, la gestion des travaux d’exploitation et enfin la commercialisation.
Une autre partie de mon métier consiste dans le négoce des bois pour le compte de propriétaires non adhérents : l’achat de bois sur pied ou en bord de route puis leur exploitation si nécessaire, et leur commercialisation.
Que la commercialisation soit réalisée pour le compte d’un propriétaire adhérent ou non, une grande partie de mon travail consiste à trier les bois afin de les valoriser correctement et d’obtenir ainsi la meilleure rémunération possible. Cette étape de tri des bois par qualité c’est notre marque de fabrique au GPF ! Passer par la coopérative offre aussi une garantie de paiement pour le propriétaire, même en cas de défaillance du côté de l’acheteur.
Pourquoi avez-vous choisi de devenir technicien forestier ? D’où vous vient cette passion pour la forêt ?
J’ai toujours eu un grand attrait pour la nature, l’envie de travailler à l’extérieur. Mes grands-parents étaient agriculteurs, j’ai vécu à la campagne, mais j’étais moins intéressé par les animaux ! Le fait de les vendre après s’y être attaché me paraissait difficile. La forêt et la nature m’ont attiré très jeune.
Qu’aimez-vous particulièrement dans votre métier ?
J’ai un réel besoin d’être le plus souvent possible en forêt ! Sur le terrain j’aime certaines étapes d’exploitation comme le marquage des bois.
J’aime aussi les relations que mon métier me permet de nouer : le gestionnaire forestier n’est pas isolé, loin de là ! Au quotidien, je rencontre les propriétaires, sollicite les entrepreneurs de travaux forestiers (bûcherons, débardeurs, entreprises mécanisées) avec qui j’ai l’habitude de travailler. Je travaille aussi avec les scieries, essentiellement localisées en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Aujourd’hui on constate que de nombreuses scieries ferment, ce qui permet à celles restantes de s’agrandir. Il y a donc un effet de concentration des acheteurs sur le marché du bois. Certains de nos bois partent donc pour des régions voisines. Du côté des professionnels forestiers, les professions peinent à attirer : les métiers manuels de bûcheron ou de débardeur sont des métiers durs et dangereux, peu rémunérateurs. Aussi nous avons de plus en plus recours à de l’abattage mécanisé.
Comment avez-vous connu le GPF ?
Ma famille étant originaire d’Yssingeaux, j’ai toujours connu le GPF. D’autres membres de ma famille sont d’ailleurs dans la filière bois (débardeur, scieur). Je suis rentré au GPF en 1994 alors la Coopérative n’avait que 20 ans. J’étais alors stagiaire et comme ils cherchaient quelqu’un on m’a proposé le poste d’abord à l’essai. Et je suis resté !
Quelles sont les problématiques principales des propriétaires forestiers en 2023 ? Sur quels sujets vous interpellent-ils?
Aujourd’hui les propriétaires sont inquiets quant à la rentabilité de leurs bois. La hausse des coûts de l’énergie entraîne des augmentations autour du bois, notamment sur les frais d’exploitation, de transport et de transformation. Le bois de chauffage, auquel de plus en plus de ménages ont recours, reste peu valorisé en comparaison d’autres sources d’énergie.
Il est donc essentiel de bien trier le bois afin de proposer les meilleures conventions d’apports aux propriétaires : leur fournir le produit réel de leur exploitation.
La rentabilité vient aussi heurter la question du réchauffement climatique : un reboisement mal conduit peut s’avérer coûteux ! Les propriétaires nous interrogent souvent sur les prochaines essences à installer car les essences existantes risquent de s’affaiblir. Nous les techniciens constatons la présence de la chenille processionnaire du pin au-delà de 800m d’altitude. C’est très concret et frappant.
Afin de renouveler correctement les peuplements de nos adhérents, nous suivons attentivement les essais menés au niveau national, tout en menant nos propres expérimentations. Nous faisons par exemple remonter du pin Laricio de Corse. L’inquiétude des propriétaires quant au réchauffement climatique est prise très au sérieux par la Coopérative.
Enfin certains propriétaires nous interrogent sur la possibilité de subventions. Nous les accompagnons alors vers les bons dispositifs en optimisant au maximum les aides qu’ils peuvent avoir (crédit d’impôt majoré si adhésion à un organisme de producteurs tel que le GPF).
Quels sont les bénéfices de l’outil Sylvamap pour les propriétaires et les techniciens?
L’application Sylvamap permet au propriétaire de visualiser rapidement l’ensemble de sa propriété, son PSG, ses parcelles, les interventions faites et prévues, directement sur son ordinateur ou son téléphone.
Sur le terrain, le propriétaire peut aussi interroger directement son technicien grâce à une photo qui se géolocalise. Il peut ainsi nous alerter facilement s’il constate un arbre malade, un chablis etc.
Pour nous technicien, l’outil simplifie le suivi des propriétés puisqu’on accède à toutes les interventions prévues chaque année. Nous n’avons donc plus besoin de consulter le document de gestion, ce qui nous fait gagner énormément de temps et nous rend plus disponibles auprès des propriétaires.
Comment définiriez-vous l’accompagnement du GPF ?
L’accompagnement proposé par le GPF a pour seul but l’intérêt du propriétaire. C’est le principe fondateur de toute coopérative ! Une coopérative dont les services ne satisfont pas ses adhérents rate sa mission première.
Notre chance sur ce plan là est que nous ressemblons à nos adhérents par notre taille ce qui nous rend extrêmement accessibles.
En tant que techniciens nous sommes très disponibles, de nombreux adhérents m’appellent directement pour avoir des informations. Je rencontre certains propriétaires une fois par an, en fonction de leurs programmes de travaux prévus au plan de gestion, et de la taille de leur forêt.
Globalement nos adhérents sont très fidèles à la Coopérative. Je travaille avec certains propriétaires depuis bientôt 30 ans ! Il s’agit de véritables relations de confiance et d’estime, je connais parfois leur famille.
Le GPF fonctionne aussi en toute transparence vis-à-vis de ses adhérents. Pour chaque coupe, nous réalisons donc des lots de bois par qualité (charpente, coffrage, palette, trituration…) et détaillons tous les indicateurs.
Le propriétaire sait donc qu’il a coupé X m3 de tel bois pour tel prix de vente à la scierie. Pour ce même lot il connaît le détail des frais : coût des prestataires et marge du GPF.
D’autres organismes proposent des conventions moins détaillées, au global et non par lot, ou encore en énonçant des frais globaux incluant marge et coûts des prestataires.
Last modified: 18 juin 2024